Qui n’a pas entendu ces grands patrons (luftansafaurecia, Intel) dire, dans la presse, qu’ils ont perçu un point bas de la crise ? La lettre d’information économique du Crédit Mutuel appuie cette analyse. La bonne tendance du déficit du commerce extérieur américain qui commence à se réduire, semble donner raison à l’optimisme naissant.
Ces faits permettraient de renforcer l’anticipation d’un retour à la normale pour mi-2010. Ainsi, pour ceux qui auront survécus, après quelques mois de contraction, les capacités de production vont se remettre à croître en même temps que le commerce et les échanges. Finalement, il n’y aurait pas d’autre question à se poser que celle d’avoir survécu aux turbulences pour être automatiquement dans le groupe des gagnants qui vont profiter de la reprise.

Analysons la question sous l’angle des systèmes d’information.
Pendant la crise, les budgets informatiques se sont contractés, pas seulement en décalant un certain nombre de projets, mais aussi en imposant des gains de productivité qui, visant une optimisation des coûts, ont fait évoluer les processus et les modes de travail. On peut identifier par exemple un accroissement de la part des logiciels libres, ou un plus grand recours au Saas (www.markess.fr) . Mais pas seulement.  La crise a déclenché aussi une vague de réflexion sur l’utilité des biens et des services achetés. Ce phénomène affecte toute la chaine de la demande depuis le consommateur final, en passant par l’entreprise intermédiaire et les producteurs. Des idées dominantes autrefois sont battues en brèche, comme l’inélasticité de la demande d’énergie ; dans les rayons des supermarchés des produits, autrefois prisés, du jour au lendemain, ne trouvent plus d’acheteurs. Cela témoigne non seulement d’un changement de comportement, mais aussi de nouvelles attitudes et de nouvelles valeurs qui se répercutent aussi sur les rapports clients/fournisseurs au sein des entreprises.

Finies les offres trop fournies où l’acquisition d’un service entraîne automatiquement l’acquisition de services associés, sur la foi d’une qualité qui n’est pas toujours au rendez-vous, ou bien que l’on ne sait pas mesurer précisément ! Les clients veulent des offres lisibles, adaptées exactement à leurs besoins, dont ils puissent maîtriser tous les volets, et dont ils comprennent le prix. S’ils se sentent prisonniers d’une offre monopolistique, dès la première occasion, ils s’enfuiront. Les mastodontes du logiciel aujourd’hui incontournables doivent garder cela à l’esprit, s’ils s’évertuent à verrouiller leurs positions sans prendre assez en compte la réelle demande des utilisateurs, ceux-ci, à la première offre concurrente crédible, les quitteront.

Il en va de même des offreurs de services internes aux entreprises, comme souvent se positionne l’informatique à l’instar d’autres directions fonctionnelles. Ils ont un monopole de fait et un catalogue de prestations qui, sous couvert de qualité de service, de professionnalisme, rigidifie la structure des coûts et justifie l’expression « trop lourd, trop cher ».
Dans une récente mission de conseil, j’ai eu à traiter le cas de la disparition d’un de ces offreurs internes dont le catalogue de services n’avait pas été retenu par les projets de renouvellement de Système d’Information. Ceci est bien la preuve que cette posture organisationnelle n’est pas agile.

Concernant, les offreurs externes, ils n’ont pas de monopole, même si certains ont une emprise sur leur client. Ils sont sensibles à la concurrence, notamment sur les prix, qui menace directement leur marché. Si leur positionnement n’est pas assez solide, il peuvent se retrouver en concurrence sur des segments qu’ils ne visaient pas et cela peut avoir comme conséquence de mettre en difficulté leur modèle métier. La crise en a déjà mis certains dans cette position.

Ainsi, si elle veut faire partie des gagnants de sortie de crise, toute la chaîne de valeur de l’informatique doit changer. Quand bien même la France serait immunisée, l’industrie des logiciels, mais aussi le creuset où s’élaborent les idées et les savoir-faire de ce secteur est situé aux Etats-Unis. Le changement va affecter l’ensemble de la chaine de valeur. Les gagnants seront d’abord ceux qui seront capables de mettre en oeuvre le changement pour être adapté, puis il y aura ceux en position d’anticiper, c’est à dire d’être préparer. Cela seuls auront une réelle capacité de rebond, parmi ceux qui n’auront pas anticipé, certain s’en sortiront, d’autres non, suivant des paramètres qui ne dépendent pas d’eux.

En résumé, la crise mène à ce que l’ensemble du secteur de l’informatique revisite ses bonnes pratiques afin de mettre en œuvre un fonctionnement beaucoup plus intégré. Ce fonctionnement qui veut briser l’a priori « trop lourd, trop cher » requiert de l’informatique qu’elle acquiert davantage de compétences métier tandis que le métier doit prendre en compte davantage les contraintes de l’informatique. Ceci permettrait de préserver l’agilité du Système d’Information et d’accroître les chances de survie à la crise.

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