En classant ma documentation sur l’urbanisme des systèmes d’information, pourquoi tombé-je sans arrêt sur des articles ou des billets qui expliquent la pertinence de l’analogie entre le modèle urbain et les systèmes d’information ? En voilà quelques exemples : « Urbanisme des villes et urbanisme des systèmes d’information », « L’apport historique de l’urbanisme des villes pour l’urbanisme des systèmes d’information » de Véronique Levasseur, ou bien l’Article de Wikipédia sur le même sujet.
S’il est vrai que les idées d’architecte ont parfois été reprises dans l’univers des Systèmes d’Information, comme celles de Christopher Alexander à l’origine du concept de « Design Pattern« , s’agissant de l’Urbanisme, l’homme cité le plus fréquemment comme en ayant été un inspirateur est le Baron Haussmann.
Revenons un peu sur le projet d’Urbanisation de Paris…
Le modèle en avait été les quartiers ouest de Londres reconstruits après l’incendie de 1666.
Les idées directrices furent une meilleure circulation de l’air et des hommes et une maîtrise d’éventuels soulèvements populaires. L’homme est au centre du projet.
Le projet a une obsession : la ligne droite autrement appelée le « culte de l’axe ».
S’ensuivirent les transformations que l’on connaît : percements de boulevards et d’avenues, construction des théâtres de la Ville et du Châtelet, ainsi que deux gares – Gare de Lyon et Gare de l’Est -, aménagements de parcs et jardins, création de circuits d’adduction d’eau et d’un réseau d’égouts, annexation de communes limitrophes.
Des règlements imposent des normes très strictes quant à la hauteur et au style des édifices.
Cette transformation a un coût très élevé estimé à 26 milliards d’euros d’aujourd’hui. Au total, on estime que les travaux du baron Haussmann ont modifié Paris à 60 %.
En conclusion, le projet d’Urbanisation de Paris a été mené tambour battant sous la férule d’un Chef de projet volontariste, Haussmann, lequel avait la confiance de son client et supérieur, Napoléon III, qui souhaitait un changement rapide et visible.
La question de l’analogie avec l’Urbanisation des systèmes d’information (SI)
Quel Urbaniste n’a pas un jour rêvé d’être le Baron Haussmann de son système d’information, et d’avoir la même latitude pour réaliser ses transformations : rationaliser les quartiers, développer les référentiels, ordonner la gestion des flux ?
La conduite du projet d’Urbanisation des SI est réalisée au moyen des règlements d’urbanisme, d’un plan d’ensemble et du principe de subsidiarité. Il s’ensuit que l’Urbaniste a la difficile tâche de convaincre les différents projets que suivre un plan d’ensemble, est non seulement bénéfique pour eux-même, mais également pour l’ensemble de l’entreprise. Il a aussi la tâche de convaincre la Direction Générale que le plan d’ensemble qu’il propose mène à l’alignement des SI avec la Stratégie, prérequis pour que l’entreprise tire le meilleur parti de son SI.
Les Urbanistes, ayant souvent du talent, les projets et la Direction Générale sont convaincus par le plan d’ensemble, mais sa mise en œuvre est souvent repoussée à cause d’impératifs opérationnels qui nécessitent de reconduire les pratiques existantes. Les budgets volontaristes de réalisation de grandes infrastructures, c’est à dire non portés par un projet métier, sont extrêmement rares.
L’Urbaniste n’est décidément pas le Baron Haussmann.
Et l’Architecture d’Entreprise dans tout cela ?
Par son objectif affiché de conduire la transformation de l’entreprise, l’architecte d’entreprise n’a pas à convaincre les acteurs de la transformation, comme il globalise les actions et les décisions, il ne butte pas sur l’intérêt de l’un au détriment de l’autre. Il n’a pas à justifier ses plans par le concept d’alignement, très abstrait, puisque sa mission, confiée par la Direction Générale, est simplement de réussir la transformation qui la réalise la stratégie de l’entreprise.
De part sa position dans l’entreprise, la probabilité de rencontrer des Architectes d’Entreprise à l’image du Baron Haussmann, ne peut que croître.