Article paru dans la lettre d’information de l’AFAI n°12 de décembre 2016
Un nombre croissant d’organisations nomment un Chief Data Officers (CDO), c’est à un manager senior chargé d’établir et de superviser l’activité de Gouvernance des Données. Si cet engouement général démontre une prise de conscience du potentiel de la valeur des données, celle-ci reste à être exploitée. Le cahier « enabling information » de COBIT 5 décrit l’application des meilleures pratiques de gouvernance IT aux données du systèmes d’information pour assurer leur valorisation.
En effet, si l’activation d’un processus de Gouvernance des Données est bien une condition nécessaire à la réalisation du potentiel de valeur des données, elle n’est pas certainement pas suffisante. Une première analyse, réalisée fin 2014 par le cabinet Forrester, faisait ressortir de manière flagrante que les efforts déployés dans la gouvernance des données n’avaient peu ou guère d’effet visible sur le Business. Une seconde analyse, réalisée par la société Capgemini en 2016, confirme ce constat et indique que seuls 29 % des projets de Big Data sont rentables, ajoutant que 26 % des répondants ont rempli les 3/4 de leurs objectifs, 38 % la moitié.
Le processus de Gouvernance des données n’est qu’une composante du Data Management qui rassemble les pratiques, les opérations, les ressources et les systèmes consacrés aux traitements des données de l’entreprise. Pris dans ce sens, on comprend que l’ensemble des bonnes pratiques de Gouvernance s’appliquent aussi au Data Management. En outre, une entreprise digitale performante requiert pour réussir un Data Management performant qui ait mis en œuvre et opère des solutions de gestion et traitements de données performantes, dites solutions d’information management.
Dans ce type d’entreprise, la plus grande partie du Business est immatériel et se réalise sur internet. Pour preuve, la récente communication stratégique de la BNP affiche l’objectif qu’à l’horizon de 2020, 50% de son Business sera réalisé sur Internet. Cela requiert des cycles de traitements de données rapides, divers et massifs. Les offreurs de Solutions appellent cela Big Data, Fast Data, Data Lake etc… La question à résoudre n’est pas seulement une question de vitesse, c’est aussi et d’abord une question de décision, car l’utilité de traiter la donnée est motivée par la nécessité de prendre des décisions sur le prix, le client, la meilleure méthode, le meilleur endroit, etc…
Cela ne peut être obtenu par la compétence technique seule, il faut créer une combinaison efficace des compétences métiers et des compétences techniques, c’est l’objet du Data Management. Le Chief Data Officer est alors le gourou des données de l’entreprise, il appuie le Chief Digital Officer qui modèle le nouveau business digital et peut ainsi tirer parti du potentiel de valeur des données de l’entreprise.
Valoriser la donnée apporte également son lot de risques, car il s’agit en grande partie de données personnelles. Elles se divisent en données dites volontaires que la personne fournit explicitement, en données observées qui sont collectées par l’entreprise, en données inférées ou déduites produites par des traitements. Gérer ces données en conformité avec les meilleures pratiques et permettre aux personnes d’exercer leur droit à l’information est la base de la nécessaire et indispensable relation de confiance qui doit régner entre la personne et l’organisation qui collecte ses données.
Car vous l’avez compris, ces données, les entreprises n’en possèdent qu’une infime partie. Avant de les traiter, d’en tirer les décisions et les enseignements qui vont accroître leurs performances, les entreprises doivent les collecter, c’est le principal enjeu business de la transformation digitale en cours. Cela motive les offres gratuites ou bon marché des grands acteurs, mais en l’absence de confiance, la gratuité n’est pas une incitation suffisante.
La confiance établie, la gratuité n’est plus une question centrale, c’est la qualité du service rendu au regard du prix.
Le cahier « enabling information » de COBIT 5 formalise les meilleurs pratiques pour modéliser et gouverner la donnée tout au long de son cycle de vie dans le système d’information. Il se référé au DMBOK, référentiel de Data Management formalisé par DAMA International. La mission de l’AFAI, chapitre français de l’ISACA est de faire connaître l’intérêt de ces pratiques, de les diffuser, et d’accompagner les entreprises dans la mise en œuvre par la formation et le coaching.