Nous voyons le monde à travers le prisme des médias (journaux, télévision) et des réseaux sociaux. Là, Donald Trump fait fureur, il donne l’impression d’avoir une telle emprise sur le monde que tout le monde devrait s’intéresser à lui pour se tenir informé.
Qu’est-ce qu’un seul homme, serait-ce Trump, pourrait vraiment faire ?
L’industrie américaine est en crise : Boeing est en grande difficulté, les constructeurs automobiles perdent du terrain à cause des retards de transformation industrielle, le coût du travail industriel augmente.
Le pétrole et le gaz de schiste, les industries numériques, les services semblent soutenir l’économie, mais l’investissement privé a ralenti en 2024 au dernier trimestre.
Les coûts de main-d’œuvre augmentent à mesure que le niveau de vie s’élève et que la population vieillit. En conséquence, une partie de la fabrication est externalisée vers les pays voisins, les États-Unis ne conservant que les activités à forte valeur ajoutée. Les Etats-Unis possèdent des capitaux, reçoivent des dividendes et renvoient des migrants car ils constituent la main d’œuvre de leurs pays d’origine, usines extérieures des Etats-Unis.
Plus de 80 % de la dette américaine est détenue par les Américains, qui peuvent emprunter davantage et investir à nouveau tant que les actifs américains continuent à prendre de la valeur.
Tout cela montre qu’il n’y a pas un homme derrière ce qui se passe, mais que c’est le résultat de forces qui sont à l’œuvre dans nos sociétés.
Un nouvel impérialisme ?
Toutes les observations précédentes décrivent les racines d’un nouveau type d’impérialisme. Il ne s’agit plus de territoires, mais de chaînes de production transnationales qu’il faut sécuriser, même au prix d’une intervention militaire. Exporter sa production quand on est leader, comme les technologies numériques pour les Etats-Unis, c’est une façon d’avoir la main sur les pays étrangers. C’est tout l’enjeu du contentieux avec la Chine, la technologie remettant en cause le leadership américain.
Il en va de même en Europe à un niveau inférieur, entre pays de l’Ouest et pays de l’Est.
Cette nouvelle façon de prendre le pouvoir sur les autres a commencé il y a quelques décennies avec les perspectives de déclin de l’Occident dues à tous les constats du paragraphe précédent. La mondialisation a échoué parce qu’elle a permis aux pays pauvres et moyens de se développer et de devenir les usines des grands pays occidentaux, ils doivent donc être maintenus sous contrôle. Le grand enjeu actuel est la réorganisation des chaînes de production pour les délocaliser autant que possible dans de petits ou moyens pays contrôlables.
C’est le nouvel impérialisme et il joue également sur les matières premières énergétiques.
L’engagement des États-Unis en faveur d’Israël, de l’Irak et du Moyen-Orient est principalement motivé par les ressources énergétiques. Trump n’a rien changé, si ce n’est la perspective de faire sortir les Palestiniens de là. Le traité actuel était prêt depuis des mois, sauf que les États-Unis n’ont jamais accepté que les colons continuent à prendre pied en Cisjordanie en dépit de tous les accords précédents. Trump ne fait que lever ces sanctions et permet aux colons d’obtenir à nouveau plus de terres cisjordaniennes, ce qui finira par la disparition des palestiniens ou la montée du terrorisme. Netanyahu ne pouvait pas refuser une telle offre alors que Trump n’a rien résolu, il a plutôt jeté de l’huile sur le feu.
Jusqu’à présent, Trump ne change rien au monde, sauf qu’il fait le show, en réalité il continue ce qui a été commencé avant lui. Ne perdez pas de temps à regarder le Trump man show, regardez le monde.