Les perspectives économiques européennes sont sombres. Il suffit de jeter un oeil aux titres des journaux pour en être convaincu. Dans un tel contexte, comme je l’ai écrit une fois, la meilleure stratégie être de «se tenir prêt à la reprise« . Cela veut dire être aligné avec les attentes des clients et être compétitifs lorsque les affaires vont redémarrer, en bref, avoir un bon positionnement, une bonne exposition, un bon prix. Pourtant, toutes les entreprises européennes ont commencé par couper leur budget 2012 pour préserver des liquidités qui menacent de se raréfier.
Pour la plupart des entreprises, l’équation stratégique est : se transformer tout en minimisant les dépenses en capital.
En effet, l’Europe est touchée par une grave crise de liquidité dont les racines sont une crise de confiance dans la solvabilité des Etats qui se propage aux banques et aux institutions financières. Les acteurs de la finance européenne n’ont plus confiance les uns adans les autres et se prête des liquidités à des taux d’intérêt prohibitifs qui assombrissent encore plus leurs perspectives de solvabilité. Comment sortir de ce cercle vicieux est la question qui occupe depuis des mois tous les sommets européens.
Ce qui se ressort de tout cela est la nécessité de redémarrer au plus vite la machine à trésorerie et restaurer une croissance économique en se basant sur la compétitivité des entreprises. Plusieurs potions médicamenteuses sont envisagées : déprécier l’euro, ce qui baisserait les prix à l’exportation mais ferait craindre un rétrécissement du capital et davantage de doutes sur la solvabilité des entreprises ; baisser les budgets nationaux et réduire les impôts ce qui atténuerait le coût unitaire du travail, mais accroîtrait les craintessur le modèle social et sur la solvabilité des États. Quoiqu’il en soit, tout cela prendra du temps et laisse entrevoir de sombres perspectives pour les prochaines années.
Dans ce contexte, selon leurs perspectives propres, les entreprises peuvent suivre deux stratégies :
- être préparé: mincir et rester prêt pour la reprise de l’économie
- être actif: contribuer à restaurer la croissance en se transformant elles-mêmes pour être plus compétitif
Pour ces entreprises, la question importante est d’améliorer la compétitivité dans un contexte économique de coûts unitaires du travail relativement élevés. Comment ? En se souvenant que la compétitivité est aussi la productivité, une meilleure qualité, un meilleur temps de mise sur le marché, une meilleure connaissance des clients … Pour tout cela, une technologie solide et moderne est un facteur critique de succès évident, peut-être même le seul, car, de nos jours, le développement des affaires est étroitement couplé avec la capacité à mettre en oeuvre et utiliser les technologies.
Alors comment se transformer tout en maîtrisant les dépenses en capital?
Tout d’abord, en réussissant les projets de transformation ! Pendant des années, les gourous de la Stratégie ont expliqué que les entreprises consomment beaucoup d’énergie pour définir des stratégies brillantes qui font long feu au moment de leur exécution : « L’exécution [de la Stratégie] est la grande question laissée sans réponse par le monde des affaires contemporain. Son absence est le principal obstacle à la réussite et la cause de la plupart des déceptions qui sont attribués à tort à d’autres causes». Ram Charan, Larry Bossidy.
En 2008, lors d’une conférence sur le management qui a exploré tous les aspects de la question, William Malek a résumé ainsi les causes de l’échec:
- Une absence de langage commun
- Aucun cadre commun
- Aucun processus intégré de planification systémique
- Une mauvaise conception du système d’organisation des responsabilités
- Les questions de représentation de la complexité à un niveau élevé d’abstraction
- Phases de maturité organisationnelle nécessitent des méthodes différentes et de leadership
Pour les entreprises, cela signifie beaucoup de consommation d’énergie – temps, argent, motivation – pour obtenir une petite partie des objectifs de la stratégie et les gains associés.
Cependant, il ne s’agit pas de dire que l’échec est inacceptable, car tous les projets ont une partie de risques irréductibles et peuvent, malgré tout, valoir la peine d’être tentés. Mais lorsque trop d’obstacles jettent une ombre sur les résultats, il est presque impossible d’obtenir la confiance, la réputation et, finalement, le soutien du marché dans un contexte lutte économique.
Il est temps de changer cela … Il est temps d’améliorer radicalement l’efficacité des projets de transformation et d’exécution de la stratégie. Il est temps de conduire les gens vers des succès qui engendrerons d’autre succès … Il est temps de tirer parti des compétences et des capacités des entreprises… pour cimenter les opérations, l’informatique et le management des hommes dans une équipe globale…
Cela permettra de restaurer la confiance dans la capacité des entreprises à être compétitives, de drainer plus d’argent et de capitaux et, enfin, de briser le cercle vicieux.
Pour remodeler leurs capacités, les entreprises doivent créer une nouvelle fonction de Direction, qui sera chargée de la construction du cadre d’exécution et d’établir le langage commun de l’entreprise. Il pourra alors coordonner le travail d’identification des objectifs du changement, la planification et le cadre de performance de l’exécution stratégique. Puis il produira le périmètre et la feuille de route pour les agents du changement, les chefs de projet, et pilotera une activité intégrée de planification systémique. Il fournira les outils et les méthodes avec le bon niveau d’abstraction et de contribuer à définira la méthode de changement adaptée.
Sortir de la Tour de Babel en faisant travailler, main dans la main, l’informatique, les financiers, la production, les ventes, la logistique et les fonctions de support, est aujourd’hui une nécessité pour qu’une entreprise soit suffisamment intégrée.
Pour faire face à de nouveaux clients et aux attentes du marché, les entreprises doivent amener leurs dirigeants à adopter une approche systémique de changement. Ils obtiendront des fondations solides et des orientations qui déboucheront sur des changements fluides et plus de réussite. Un language commun et un cadre d’exécution permet d’établir la confiance entre les acteurs internes et de réussir.
Tout cela c’est l’architecture d’entreprise !
Pendant plusieurs années, des organismes d’horizons divers ont réuni leurs compétences afin de définir des cadres d’exécution pour réussir le changement au sein des organisations complexes. Ils se sont appuyés sur les meilleures pratiques afin d’établir des méthodes pragmatiques et utilisables et ont eu la vision d’intégrer les méthodes de la Systémique à la démarche de transformation des entreprises. Ils ont commencé à travailler sur l’alignement informatique / métier, ce qui a été à peine suffisant eu égard au défi. L’un des organismes les plus intéressants, The Open Group, est allé au delà et a publié TOGAF 9 comme cadre d’exécution d’un changement à grande échelle. Même si certaines améliorations sont attendues, il est en l’état une base solide pour définir la pratique interne d’une entreprise.
Une bonne démonstration de l’efficacité de l’architecture d’entreprise est le programme « Going Digital » de Procter & Gamble qui a obtenu des éloges de l’industrie. Quelle sera la prochaine entreprise ?
Bonjour Jérôme,
Je me suis permis de reproduire votre article sur mon blog, tout en pointant bien sûr vers l’original.
Vous pouvez le consulter à http://fusacq.over-blog.com
Cordialement,
LMa