La transformation digitale ou transition numérique est aujourd’hui le sujet « must have » de toute stratégie d’entreprise. S’il est absent, la crédibilité des perspectives de croissance sera mécaniquement minorée, lorsqu’il est présent quel sens l’entreprise doit-elle lui donner ? La réponse à cette question naturelle est loin d’être évidente.


S’il revient à chaque entreprise de se créer une vision propre, liée à son métier et à ses marchés, on peut malgré tout s’inspirer de l’approche de Nicholas Negroponte dans « Being Digital » : la véritable fonction des systèmes d’information est de créer et de gérer les doubles numériques, les bits, des objets du monde réel, les atomes. Il est évident que parvenu à une généralisation suffisamment importante, le monde numérique aura une influence déterminante sur le monde réel.


Nous y sommes presque. L’achat en 1-click chez Amazon découle de ce paradigme, comme les chatbots qui peuvent être considérés comme des avatars des conseillers-clients de l’entreprise, ou les automates logistiques qui gèrent la production des commandes, et déposent le colis attendu dans le camion conduit ce jour par le bon livreur. L’homme est déjà aux ordres de la machine qui le dépasse souvent dans les tâches d’analyse et de décision, grâce à l’intelligence artificielle .


Les avatars sont omniprésents, à disposition, toujours prêts à jouer leur rôle, autrement, ce n’est ni l’univers digital, ni le monde numérique. Et, ils le sont grâce à la convergence des technologies de mobilité : la téléphonie mobile, les tablettes, les ordinateurs portables, les réseaux sans fil, le Cloud computing. Mais pas que… C’est aussi grâce à l’informatique distribuée qui, s’appuyant sur ces infrastructures, permet, à avatar présent à un seul endroit, d’être présent partout. L’avatar dialogue avec les autres acteurs grâce aux API.


Cette propriété d’être unique et partout (l’ubiquité anglo-saxonne), requiert que l’avatar ne présente aucun défaut, car tel un modèle de clones, il se duplique à l’identique. On n’en peut en changer, comme on changerait de conseiller humain, si le courant ne passe pas. La moindre imperfection sera endurée par tous les clients, s’il s’agit, par exemple, d’un avatar de conseiller.


Cette transformation ne se peut être réalisée sans adopter une démarche agile car on ne peut raisonnablement en conduire toutes les opérations en même temps, et cependant, on se doit de les accomplir juste à temps. C’est ce que permettent les frameworks SAFE ou Less. Les démarches agiles d’entreprise permettent de mettre en correspondance dans le temps les enjeux business et les évolutions technologiques.


Si tout semble propice à réussir, les fondements de la vision, les technologies, les démarches de transformation, comment expliquer alors une telle lenteur dans l’exécution de la transformation ? Par un niveau de compétences inapproprié. Il ne s’agit pas là des compétences individuelles, des niveaux de diplômes, mais proprement des compétences d’entreprise.


La délégation des activités de développement informatique aux pays émergents a aussi vidé les entreprises françaises du savoir-faire de conception technique. Celles-ci contractualisent avec leurs sous-traitants off-shore sur la base d’un cahier des charges détaillé, autant dire très éloigné des démarches agiles. Elles sont dans l’incapacité de conduire une conception technique distribuée, alors que c’est une pratique éprouvée dans l’industrie grâce aux plateaux virtuels de conception. La moindre opération technique informatique mobilise un nombre prohibitif de personnes et est très longue à réaliser, sans compter les contraintes liées au refus du Cloud Computing.


La compétence d’entreprise et l’outillage voilà deux facteurs de réussite essentiels à activer, par exemple en créant un bureau de la transformation qui organise les compétences d’entreprise, les modalités de conception distribuée, forme et coache les acteurs , et qui diffuse les outils méthodologiques et logiciels pour soutenir leurs activités. C’est un premier investissement, somme toute, modique pour une espérance de gain importante.

One thought on “Stratégie : Etre ou ne pas être numérique, là est la question

  1. Je suis d’accord avec les conclusions sur la compétence d’entreprise et les outils appropriés indispensables pour la mise en oeuvre, j’ajouterai la nécessité de transformer la culture de l’entreprise par une approche agile et orientée client.

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