Dans l’arène géopolitique, la rivalité sino-américaine se complexifie. Les États-Unis, malgré leur puissance, semblent méconnaître les ambitions à long terme de la Chine. Pékin, avec une vision stratégique, aspire à dominer le secteur technologique mondial et à ériger le Yuan en monnaie de référence internationale. Pour y parvenir, la Chine compte sur l’Occident, notamment sur ses principaux clients, les Américains, ainsi que sur les Européens.

Washington réagit par la prudence, renforçant les barrières douanières et interdisant l’importation de produits jugés menaçants pour la sécurité nationale. L’Europe, quant à elle, adopte une position plus timide, attribuant le ralentissement de ses échanges avec la Chine à des facteurs cycliques plutôt que structurels.

La Chine, en investisseur avisé, continue de placer ses pions en Occident tout en gagnant en autonomie technologique. Pour l’Occident, se détourner de la Chine équivaut à renoncer à une expertise technologique de pointe, souvent supérieure à la leur dans des domaines clés tels que les composants de télécommunication, l’énergie nucléaire, les transports électriques et l’exploration spatiale. Cela reviendrait à freiner leur propre progrès technologique, une impasse à long terme.

Les États-Unis, dans une posture défensive, semblent avoir accepté l’inéluctabilité de l’expansion chinoise, alimentée par la croissance des pays de l’APAC, y compris l’Inde, qui se dessine comme un futur acteur majeur. Avec un essor numérique et des innovations entravées, le déclin américain s’amorce, bouleversant l’ordre mondial établi.

Le nationalisme enflammé par ces tensions pourrait mener à des conflits armés, un retour en arrière brutal vers des époques jugées plus favorables. La Russie, en forçant l’Occident à adopter des stratégies de la guerre froide, entrave sa capacité à contrer les expansions technologiques chinoises et indiennes. Si cette tactique prévaut, elle pourrait signaler un basculement du centre de gravité mondial vers l’Asie. La Russie, en cette manœuvre, s’assure les céréales ukrainiennes, un atout majeur vis- à-vis des pays africains riches en minerais rares essentiels au développement technologique, consolidant ainsi sa position stratégique.

Israël, en tentant d’ouvrir un front contre l’Iran, voit ses espoirs s’évanouir. L’alliance russo-iranienne se révèle robuste, et malgré des oppositions internes, les régimes des deux pays parviennent à contenir leurs citoyens. En outre, aucun autre pays de la région, hostile à l’Iran, ne souhaite voir le projet d’Israël aboutir, ni même les Etats-Unis. Le sacrifice du peuple palestinien sur l’autel de la géopolitique n’aura servi à rien, sinon à renforcer l’Iran. Israël ne peut faire cavalier seul et s’isoler de ses alliés occidentaux et arabes.

Les élections européennes à venir suscitent l’inquiétude, avec la perspective d’une montée des sentiments nationalistes et protectionnistes, exacerbant la situation actuelle. En effet, si les tendances se maintiennent, le risque d’un conflit armé entre les États-Unis et la Chine dans les 20 prochaines années devient tangible, il serait une ultime tentative désespérée avant un possible effondrement. Les blocs opposés, d’un côté la Chine, la Russie, l’Iran et l’Inde, et de l’autre les États-Unis et une Union Européenne réticente, laissent peu d’espoir à l’Occident.

L’Union Européenne détient une carte cruciale, celle de promouvoir l’excellence technologique et une régulation efficace qui en faciliterait la diffusion. La mise en place d’une régulation propice à la relance des échanges internationaux de technologies, de personnes et de capitaux, représente l’unique chemin vers un équilibre mondial, essentiel pour relever les défis environnementaux et sociétaux imminents.

Au lieu de persister dans un isolationnisme, basée sur l’idée d’une suprématie technologique et industrielle, désormais contestée, notamment par la Chine et, dans une certaine mesure, par l’Inde, les États-Unis gagneraient à refonder leur alliance avec l’Europe sur une base égalitaire, la seule voie stratégique qui favorise un développement mondial équilibré pour tous, face aux défis actuels qui questionnent l’avenir de la planète.

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