L’histoire d’Amsterdam se confond avec l’histoire du protestantisme calviniste, d’origine française, qui a contaminé les Pays-Bas via la Flandre française. L’attractivité du Calvinisme est de proposer un retour à la vérité des saintes écritures, considérées comme la parole de Dieu ou du moins inspirée par lui. C’est une sorte de démarche coranique en retard de 700 ans. La proximité retrouvée avec la parole sacrée du livre que chaque croyant peut faire sienne préfigure une démocratisation d’une religion qui demeurait auparavant la propriété exclusive des princes de l’église catholique.

Cette égalité retrouvée devant Dieu répond à l’aspiration des sujets des royaumes européens qui, y trouvant une dignité et une fraternité, ont sacrifié leur vie en se révoltant contre leurs rois. Grâce à cette proposition, le protestantisme est sorti vainqueur dans les pays du nord de l’Europe, y compris le Royaume-Uni. Les Catholiques ont tenu au sud, en Italie, en Grèce et en Espagne. En France, même si l’on considère que la révolution de 1789 est un couronnement des valeurs protestantes, la résistance acharnée de la religion catholique a mené au statu-quo de la laïcité. Pourtant, les cracheurs du feu dogmatiques, soi-disant philosophes, tels Pierre Manent, jouent de malhonnêteté intellectuelle pour remettre au premier plan le dogme catholique et nier la vertu de la laïcité. Même en Alsace, bastion catholique, bénéficiant des lois concordataires, les protestants calvinistes sont nombreux.

Amsterdam est une terre d’immigration depuis le 16ème siècle qui a accueilli tous les huguenots d’Europe, Allemands, Français, Belges, puis tous les citoyens du monde qui recherchaient une terre de liberté. La Hollande, et Amsterdam en particulier, est, de ce fait, une terre européenne. Ce n’est pas par hasard qu’elle accueille des institutions qui ont une rôle majeur dans le fonctionnement de l’Europe ou du monde, comme le tribunal international de la Haye.

Ce ne sont pas de grandes idées demeurées abstraites, car si l’on ouvre les yeux dans les tramways ou les bus, ou dans les faubourgs de la ville, on comprend que ces valeurs sont vécues et partagées par toute une population. L’égalité dans la relation à Dieu à travers le livre sacré entraine l’égalité humaine, elle implique aussi une large diffusion de la connaissance, de la lecture d’abord, et de la compréhension des écritures. Le devoir de chacun est d’aider l’autre à acquérir cette compréhension, tandis que l’autre doit faire le plus grand effort pour y parvenir. C’est cette culture ouverte et libérale qui a fait que les Pays-Bas ont été une grande place intellectuelle européenne à la Renaissance, Erasme est natif d’Amsterdam.

Ce changement d’état d’esprit tient au large toute velléité de dictatures qui, pour se maintenir, usent souvent du moyen de tenir le peuple dans l’ignorance. On peut affirmer, au regard de l’Histoire, que le Catholicisme est une religion compatible avec les dictatures, alors que le protestantisme, tant qu’il ne sombre pas dans le fantasme du peuple élu, est une religion de la démocratie. Si l’islam moderne n’avait pas dévoyé un de ses fondements qui était que chaque musulman devait avoir une relation directe avec Dieu grâce à la connaissance du Coran, elle aurait pu aussi être une religion de la liberté. Or, aujourd’hui, les musulmans de nombreux pays doivent accepter les lectures dogmatiques de leurs mollah, perdant ainsi cette relation personnelle et responsable avec leur Dieu. Max Weber dans L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme avançait que l’esprit du capitalisme contemporain s’était forgé à partir des caractéristiques individuelles du Calvinisme, c’est à dire la relation personnelle et individuelle avec Dieu et le désir de connaître sa prédestination.

Ainsi, l’idée avancée par Toqueville que l’individualisme est le fait de la Démocratie est inexacte, c’est l’individualisme généré par le protestantisme calviniste qui a généré la démocratie.

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