Poutine se tourne résolument vers la Chine. Au premier trimestre 2023, les importations chinoises, en Russie, se sont élevées à 24,07 milliards USD en année glissante, soit une hausse de 47,1% par rapport à l’année dernière, tandis que les exportations russes ont atteint 29,77 milliards USD (+32,6 %). En rythme annuel et sur l’ensemble de l’année, les échanges Chine-Russie 2023 atteindraient environ 215 milliards de dollars. Cependant, cela ne représente que 30% du volume des échanges entre la Chine et les USA. Ainsi, la Russie accroît sa dépendance à la Chine, sans être un partenaire déterminant pour elle.

En outre, ces deux pays sont étrangers au plan culturel, ils l’ont toujours été. Aux frontières des deux pays, les populations restent à distance les unes des autres, elles n’ont pas de projets communs. Au regard de sa taille et de sa dépendance, la Russie fait figure de vassal de la Chine. Les élites de russes autoriseront-elles cela lorsque l’histoire trace un destin européen à la Russie où elle fait figure de géant, l’Europe justement avec laquelle elle est en guerre.

Macron a bien compris cette ligne de tension, il veut offrir une porte de sortie à Poutine, et en même temps cela mettrait fin au conflit.

Pourtant, en maintenant obstinément le dialogue avec Poutine, en dépit de l’opposition de la majorité des pays européens, Macron se met en retrait de l’Europe. Les pays européens, effrayés par la Russie, soutiennent, sans condition, l’Ukraine aux plans matériels et humains. Ils se tournent vers les Etats-Unis qui mobilisent des moyens exceptionnels, sans commune mesure avec ceux de la France. L’OTAN se renforce, la Finlande et la Suède viennent de la rejoindre. Dans ces conditions, Macron ne peut légitiment réclamer le leadership à propos de la défense européenne. Pire, l’isolement de Macron a aussi des conséquences dans le Sud global, c’est à dire les pays méditerranéens et africains, où la détestation de l’Occident s’accroît notamment lorsqu’il montre d’énormes capacités financières pour alimenter une guerre européenne, mais les contient. La France, isolée, est prise entre les ambitions américaines et russes, elle recule partout, au Mali, en Centrafrique et dans toute la région du Sahel.

Poutine a bien identifié cette ligne de tension. Il la cultive, car si Macron s’effondre, les nouveaux dirigeants français pourraient être pro-russes et anti-européens.

Poutine veut gagner une guerre qu’il a déclaré devant toute la planète, si rien, ni l’élite russe, ni la maladie, ne l’arrête, il ne négociera pas. Macron a entamé un rapprochement avec les Etats-Unis, preuve en est la collaboration en Centrafrique, il reconnait le leadership américain. Et ceux-ci veulent la défaite de la Russie et l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. L’Europe devient un vassal des Etats-Unis dans sa confrontation contre l’autre grand bloc stratégique planétaire, la Chine.

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